Paul Verlaine (1844-1896), poète
Poème autographe signé, sans lieu ni date [vers 1890]
Amusant poème de la main de Verlaine, qui figure une déclaration d’amour d’un Incroyable à une Merveilleuse. Sous le Directoire, ces dandys au langage très choisi arboraient des habits excentriques qui passaient pour une réaction à la rigueur de la Révolution.
Verlaine semble s’être inspiré d’un dessin présent sur l’éventail de Madame Alfred Fournier pour imaginer une cocasse scène romantique entre une Merveilleuse et son prétendant. Non sans humour, le poète décrit la rencontre des deux jeunes gens en imitant leur précieux langage. Les apostrophes remplacent les « r » non prononcés, comme c’était l’usage :
Madame, pa’mi tant d’amants
Qui vous tou’nent des compliments
Daignez ac’éter les se’ments
D’un inc’oyable.
De tous les feux, en vé’ité
Dont nous g’atifia l’été,
Ze b’ûle pou’ vot’e beauté.
C’est eff’oyable.
Fi du fa’ouce Messido’
Et de ce tiède The’mido’ ;
C’est bien le tou’ de F’utido’,
Mon petit anze.
Aimez-moi ! Z’ai tant soupi’é,
Tant expi’é, tant conspi’é,
Aux fins de me voi’ ado’é,
— Foi de Do’lanze ! —
Qu’il se’ait bien c’uel à vous
De ne pas p’end’e pou’ époux
Fût-ce une heu’e ce moi jaloux,
Disez, ‘ieuse !
N’est-ce pas, cou’onnez mes feux,
Faisez g’âce à mes meilleu’s vœux,
Ô vous, zà mon cœu’, à mes zyeux
T’op mé’veilleuse !
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