George Sand (1804-1876), écrivaine

Lettre autographe signée, sans lieu ni date [Nohant, mars 1837, à son ami le graveur Luigi Calamatta]

3 pages ¼ in-8

Rare lettre de la période romantique, faisant référence au peintre Ingres et au compositeur Franz Liszt, qu’elle accueille volontiers à Nohant en compagnie de sa maîtresse Marie d’Agoult, les « fellows ». C’est également à cette époque qu’elle commence à fréquenter amicalement Chopin, rencontré par l’intermédiaire de Liszt, avant d’en faire son amant quelques mois plus tard.

Dans cette lettre, George Sand évoque la gravure de Calamatta reprenant une composition de Ingres, Le Voeu de Louis XIII, qui assurera la célébrité du graveur. Sand vient de rédiger pour le journal Le Monde un éloge de cette gravure et de son auteur, auquel elle transmet le manuscrit de l’article pour corrections. Il est également question du portrait de Liszt dessiné par Calamatta, et de son dernier roman :

« Mon cher ami,

Je vous envoie mon article pour que vous corrigiez les erreurs qui peuvent s’y trouver. Par exemple, je ne suis pas sûr que le tableau de Mr Ingres soit à Pau, qu’il ait supporté 40 ans de contradictions, que la gravure de Mercuri ait manqué de publicité. S’il y a d’ailleurs quelque chose qui ne vous plaise pas dans cet article faites le changer par Didier à qui je vous prie de le porter quand vous l’aurez lu. Priez le de le faire mettre dans le feuilleton du Monde pour le 20 du mois, et d’en corriger l’épreuve lui-même. Il le fera, et pour moi et pour vous.

En même temps, rendez-moi le service de lui demander à quel bureau de roulage il a mis un paquet de livres, théière, lampe etc…pour moi il y a plus d’un mois. Ce paquet qui devait arriver en neuf jours n’est point arrivé. Je le crois perdu. Didier néglige de le réclamer parce qu’il est, je pense, très occupé à son journal. »

Elle demande à son correspondant de s’ingénier à retrouver le paquet, puis évoque Franz Liszt :

« Adieu, mon bon vieux, le portrait de Liszt est parti hier, ne manquez pas de le lui réclamer. J’ai mis dans la caisse un livre et un manuscrit pour Buloz, plus une lettre adressée à un nommé Mr Laporte, contenant un article sur vous pour L’Artiste. Comme Liszt est un peu fou, veillez un peu à ce que tout cela soit remis fidèlement.

Bonsoir, amico. Tout à vous de cœur.

GEORGE »

Le portrait de Liszt par Calamatta est décrit ainsi par George Sand dans une lettre du 20 mars 1837 au même Calamatta : « Le portrait de Liszt est un chef-d’œuvre. La ressemblance est parfaite, le dessin magnifique, la pose et l’expression admirables ». Le 28 mars, George Sand recommande à Liszt de prendre soin de la caisse évoquée dans notre lettre et de rendre le portrait à Calamatta : « Soyez assez bon pour faire passer à Buloz le manuscrit que je vous envoie […] Ne tardez pas à faire remettre votre portrait à Calamatta, il en est fort pressé […] Ayez la bonté aussi, mon vieux, de cacheter le paquet avant de l’envoyer à la Revue, rue des Beaux Arts, 10. Si vous le remettiez vous-même, cela me ferait grand plaisir ; car il y a pour deux mille francs de manuscrit. »

Il s’agit certainement de son roman Mauprat, publié en 1837 en feuilletons dans la Revue des deux Mondes.

Belle plongée dans le cénacle romantique.

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