Révolution (1830)

Lettre autographe signée « Couvert Desormeaux », Paris, le 31 juillet 1830

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Belle lettre patriotique d’un ancien soldat de la Révolution et de l’Empire : juste après les Trois Glorieuses et la chute de Charles X, le jour même où Louis-Philippe est nommé Lieutenant Général du Royaume, il exprime son désir de servir avec passion le nouveau gouvernement révolutionnaire :

« A Monsieur le Général Gerard, Commandant l’Armée Française,

Mon Général,

Je suis âgé de 50 ans, entré  […] dans le 8e régiment de dragons le 11 floréal an 4 pendant toutes les campagnes de la république. Je me suis trouvé aux principales affaires de cette mémorable époque, par une action d’éclat. J’ai été  honoré d’une carabine d’honneur à Marengo, le 4 Nivôse an 8 sous le Consulat. J’entrai sous l’Empire dans les chasseurs à cheval de la Garde. Je fus fait brigadier le 1er août 1806 et depuis ce temps jusqu’en 1809 où j’obtins ma retraite. J’ai constamment fait toutes les campagnes où l’aigle a planté sur la moitié du globe, et je fus un des premiers qui virent l’étoile de l’honneur briller sur leur poitrine. Pendant les 100 Jours, je repris du service en qualité d’adjudant pour combattre la tyrannie et où la trahison triompha. Je  sus alors comme en 1814 dévorer en secret l’infamie que l’on s’efforçait de répandre sur la gloire de nos armes.

Mais présentement que nous venons d’abattre le despotisme par des faits inouïs de courage et de patriotisme et quoique propriétaire et fabricant, je viens de nouveau, mon Général, me dévouer encore sous vos ordres pour sa cause sacrée de la patrie, mon cœur palpite de joie à la vue de ce drapeau l’idole de la victoire ; placez-moi au poste le plus dangereux, et où il y aura plus de gloire à acquérir, j’offre à mon pays mon bras, mon sang et mon dernier soupir pour son honneur.

Vive la France ! Vive la liberté ! Vivent enfin les 221 Députés qui se sont généreusement dévoués pour elles !

Je suis avec respect, mon Général,

Votre très humble et très obéissant subordonné.

COUVERT DESORMEAUX »

En marge, le soldat récapitule ses campagnes militaires pendant la Révolution et l’Empire.

Suite à la nomination de Jules de Polignac comme Président du Conseil par le Roi Charles X, en août 1829, la Chambre des députés, à majorité libérale, s’inquiète d’un possible retour à une monarchie absolue. Jules de Polignac est réputé être un « ultra » et rappelle, par le nom de sa mère, les abus de l’Ancien Régime.

Dans son discours du Trône en mars 1830, Charles X prévient l’opposition qu’en cas de blocage, il gouvernera par ordonnances. En réponse, la Chambre des députés doit adopter une motion appelée « adresse ».  Concluant à la défiance vis-à-vis du gouvernement, elle est votée par 221 députés (contre 181) et est apportée au Roi. C’est à cela qu’il est fait allusion dans notre lettre. Charles X décide cependant de passer outre cette adresse et de dissoudre l’Assemblée. Contrairement à ses attentes, les élections de mai et juillet 1830 amènent une majorité libérale encore plus nombreuse et hostile au Régime. C’est le début de la Révolution de 1830.

On joint : deux lettres du service des écuries, datées 1er août 1830, « pour éviter que l’on ne s’empare des chevaux » de Charles X, alors sur le chemin de l’exil. 

Beau témoignage patriotique.

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