Louis Pasteur (1822-1895), scientifique
Ensemble de deux lettres autographes signées
Lettre autographe signée, Paris, le 3 juillet 1881
1 page in-8, en-tête « Ecole privée des hautes études, laboratoire de chimie physiologique, Directeur M. PASTEUR »
« Cher Monsieur,
J’ai été fort touché du bienveillant article que vous m’avez consacré dans l’Evénement. La maladie d’un ami et cher confrère, mille préoccupations venues à la suite de mes récents travaux sur le vaccin du charbon m’ont empêché de vous remercier plus tôt. J’avais prié mon fils de vous dire que je ne l’oublierais pas toujours et qu’à la première minute de liberté je me dirais votre compatriote bien dévoué.
L. PASTEUR »
L’article dont il est ici question est vraisemblablement le papier paru le 18 juin 1881 dans le journal l’Evénement, à la gloire de Pasteur, qui vient alors de poser sa candidature à l’Académie Française. Le journaliste dresse un portrait du « bienfaiteur de l’humanité », qui reçoit les journalistes avec « une amabilité qu’il montre à tous ses jeunes compatriotes » (d’où l’étrange expression à la fin de notre lettre). L’article décrit le quotidien de Pasteur et rappelle ses expériences sur la maladie du charbon, l’un des travaux les plus importants du scientifique.
Véritable fléau à la fin du XIXe siècle, la maladie du charbon décime les troupeaux ovins et se transmet à l’homme, sans que l’on comprenne le mécanisme de la contamination. En mai 1881, quelques semaines avant la rédaction de cette lettre, il se rend à Pouilly-le-Fort près de Melun pour pratiquer une expérience de vaccination sur une cinquantaine de moutons : la moitié des moutons seulement sont vaccinés, puis on inocule le microbe au cheptel entier. Le résultat est sans appel : les bêtes vaccinées sont indemnes, les autres sont gravement malades ou meurent. Cette expérience apporte la célébrité à Pasteur et lui assure les honneurs.
Lettre autographe signée, Paris, le 11 juillet 1881
1 page in-8
Pasteur remercie son correspondant, probablement après l’obtention de la Grand Croix de la Légion d’Honneur :
« Merci, cher monsieur, de vos gracieuses félicitations dont je garde le souvenir et qui, jointes à toutes celles que je reçois présentement m’imposent le devoir de nouveaux efforts auxquels je ne faillirai pas aussi longtemps que je le pourrai.
Veuillez agréer, Monsieur, l’assurance de ma parfaite considération et de mes sentiments de vive sympathie.
L. PASTEUR »
Napoleon III, Empereur éclairé favorable aux innovations techniques, s’intéresse aux recherches de Pasteur, qui s’avère un fervent bonapartiste. L’Empereur encourage ses travaux en lui accordant au fil des années les grades de chevalier, officier, puis commandeur de la Légion d’Honneur. La Troisième République achèvera de célébrer en Pasteur l’un des plus grands génies de son temps : nommé grand officier puis Grand Croix en 1881, il sera reconnu comme un bienfaiteur de l’humanité grâce à ses découvertes sur les vaccins.
1900 EUR