[Marie-Antoinette (1755-1793), Reine de France]

Louis XV (1710-1774), Roi de France

Document signé « Louis », Versailles, le 1er avril 1770

1 page in-folio, cachet aux armes, rousseurs, taches en marge inférieure

Très intéressant brevet signé par Louis XV (secrétaire), qui nomme le premier Valet de chambre de la toute nouvelle Dauphine Marie-Antoinette. A cette date, elle est encore à Vienne et s’apprête à entamer son voyage vers Versailles pour y rencontrer son mari Louis Auguste, futur Louis XVI. Le premier Valet de Chambre nommé – dont on rappelle ici le caractère très prestigieux – est un célèbre horloger, Jean-Baptiste Baillon, dont les productions sont alors fort prisées par les familles royales d’Europe.

« De par le Roy

Dame d’honneur de notre très chère et très aimée petite fille la Dauphine : Premier Maître, Maître ordinaire de son hôtel, Maître, Contrôleur et Trésoriers Généraux de sa Maison, Salut. Voulant remplir les charges de la Maison de notredite petite fille de personnes capables de les exercer, et connaissant la bonne conduite, le zèle et les bonnes qualités du Sr Jean-Baptiste Baillon. A ces causes, nous l’avons cejourd’hui retenu et par ces présentes signées de notre main retenons en l’état et charge de premier Valet de Chambre de notredite petite fille la dauphine […]. ».

Suivent un certain nombre de mentions légales concernant les « honneurs, autorités, prérogatives, privilèges, franchises, libertés, gages, droits, fruits, profits, revenus et émoluments » relatifs à la charge de Valet de Chambre.

Le document est signé « LOUIS » par le secrétaire du Roi et « PHELYPEAUX » par le Secrétaire d’Etat à la maison du Roi Phelypeaux de Saint-Florentin.

Il est également apostillé quelques semaines plus tard, le 17 mai 1770 (c’est-à-dire le jour même du mariage avec le futur Louis XVI) par le Secrétaire de la chambre de Marie-Antoinette, qui confirme que « le Sr Jean-Baptiste Baillon Premier Valet de chambre de Madame la Dauphine a prêté serment accoutumé entre les mains de Mad. La Comtesse de Noailles ».

Le document est enfin enregistré le même jour au verso par le contrôleur général de la maison et chambre aux deniers de Marie-Antoinette.

Marie-Antoinette, au moment où ce brevet est rédigé, s’apprête à quitter Vienne alors qu’elle est promise au jeune Louis Auguste de Bourbon, Dauphin de France. Louis XV, Roi vieillissant, attend avec impatience celle qui redonnera un peu de gaieté et de jeunesse à la Cour, et surtout un héritier au Royaume. Louis XV a à cœur de lui trouver un certain nombre de serviteurs dévoués et de bons conseillers pour l’aider à faire ses premiers pas à la Cour. Baillon, ici nommé, fait partie de ces figures familières à Louis XV puisqu’il a déjà été nommé Valet de Chambre et horloger de Marie Leszczinska en 1738 soit 32 ans auparavant. Marie-Antoinette à peine arrivée en France rencontre la Comtesse de Noailles, également mentionnée dans notre document. Elle est chargée d’accueillir la jeune Dauphine à Strasbourg, et de l’accompagner jusqu’à Versailles en lui expliquant les règles de la Cour. Cette fonction, particulièrement exigeante, lui vaudra le surnom de « Madame l’étiquette » que lui donnera Marie-Antoinette. Arrivée à Versailles le 16 mai 1770, la dauphine rencontre le futur Louis XVI et l’épouse en la Chapelle du Château. C’est le début de quatre années à la Cour semées d’embûches, de rivalités (Mme du Barry est toujours présente), de désirs (d’enfant) et de plaisirs, avant d’accéder au trône en 1774, épreuve marquée par ces mots célèbres : « Mon Dieu, guidez-nous, protégez-nous, nous régnons trop jeunes ! ».

Rare document.

1200 EUR