Dominique Dufour de Pradt (1759-1837), Premier aumônier de l’Empereur

Lettre autographe signée, [Paris], le 28 novembre 1804, adressée à M. de Segur, Grand Maître des Cérémonies

1 page in-4, adresse autographe, cachet de cire brisé

Quatre jours avant le Sacre, l’Aumônier de Napoleon prépare l’Autel de Notre-Dame pour la cérémonie :

« Monsieur,

Je vous proposerai de vouloir bien ordonner que tous les effets et fournitures devant servir à l’autel pendant la Cérémonie du Sacre, soient portés dans la grande sacristie de Notre-Dame, samedy à neuf heures du matin, pour en constater l’état, et aviser à tout ce qui pourrait manquer.

Recez les assurances de ma parfaite considération.

L. DE PRADT

28 nov. 1804

PS : je prie M. le Gr. Maître de vouloir bien m’envoyer plusieurs exemplaires des sections 1,4…et 2 quand il y en aura.(*) »

(*) Il s’agit du « Cérémonial relatif au couronnement de leurs majestés impériales », le plan de la cérémonie, imprimé en amont des festivités afin d’en régler les moindres détails. Ce cérémonial, rédigé par M. de Segur (destinataire de notre lettre), se divise en plusieurs sections.

L’Abbé de Pradt, ancien député du clergé aux Etats-Généraux de 1789, émigre avant que la Révolution ne s’emballe. Il s’installe en Allemagne d’où il publie des pamphlets contre le gouvernement français. Cependant, après le Coup d’Etat du 18 Brumaire, il sent le vent tourner et saisit l’occasion de rentrer en France grâce à son cousin, le général Duroc, homme de confiance de Napoleon. De Pradt est rayé de la liste des émigrés, présenté à Bonaparte, qui apprécie sa conversation. Il le nomme son aumônier en juillet 1804 et lui confie l’organisation de la cérémonie du Sacre de concert avec le Grand Maître Segur, auquel est adressée la lettre que nous présentons. Malgré le peu d’intérêt que porte Napoleon à la religion, il sait utiliser le sacré pour affermir sa puissance, et fait venir le Pape Pie VII pour bénir la cérémonie et le règne à venir.

De Pradt remplit sa mission avec compétence et dévouement, il est récompensé par les titres d’Evêque de Poitiers et de Baron de l’Empire. Il accompagne l’Empereur dans ses nombreuses campagnes, et s’acquitte avec succès des missions diplomatiques qui lui sont confiées entre 1805 et 1812.

Il sera cependant disgracié à la fin de l’Empire, en raison de l’échec de son ambassade à Varsovie.

Rare témoignage.

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