Joachim MURAT (1767-1815), militaire
Lettre signée « J Napoléon », Ancone le 24 mars 1815, adressée à « Monsieur le ministre de la police générale » [Antonio Maghella]
1 page in-4, tranches dorées
Intéressante lettre dans laquelle Murat prend connaissance du retour de Napoléon de l’Ile d’Elbe :
« Monsieur le ministre, la nouvelle que nous recevons de Gênes et de Milan nous donne toujours la certitude du progrès de l’empereur napoléon. Il paraît qu’il a fait un mouvement vers la droite pour réunir à lui les corps nombreux des troupes françaises stationnées près du rhin. J’ai adressé à la reine [Caroline Bonaparte, femme de Murat] un bulletin qu’elle vous communiquera. […] J. Napoléon. Ancone, le 24 mars 1815 »
Les relations entre Murat et Napoléon sont complexes. Souhaitant sauver son trône face à un Napoléon au pouvoir déclinant, Murat noue des alliances avec l’Autriche dès 1814. Pris de remord, il essaye de se rallier à Napoléon, mais la première abdication le prend par surprise. Le Congrès de Vienne (septembre 1814) le confirme sur le trône de Naples. Il semble que les projets du retour de Napoléon lui soient connus mais que Napoléon se soit tout de même méfié de son ancien compagnon qui avait plus d’une fois retourné sa veste. Murat voit, lui, dans le retour de l’Empereur la possibilité d’unir l’Italie (alors sous le joug autrichien) et d’en devenir le Roi, ce qui fait dire à Caroline : « N’est-ce pas assez pour un paysan de Quercy d’occuper le plus beau trône d’Italie ? Non, il voudrait toute la Péninsule ».
C’est alors que Murat déclare officiellement la guerre à l’Autriche, puis s’élance le 17 mars 1815 vers Rimini pour appeler les Italiens à l’insurrection. C’est sur ce trajet qu’est rédigée notre lettre, une semaine avant l’appel de Rimini. Elle est adressée au Ministre de la police, Antonio Maghella, qui voit tous les jours la Reine Caroline restée à Naples pour assurer la régence.
Il est à noter qu’à la date de la missive, Napoléon est déjà arrivé aux Tuileries depuis 4 jours tandis que Murat le croit toujours en route. Il faut y voir, certes, la lenteur des postes mais probablement davantage le manque d’information volontaire de la part de Napoléon qui craint la versatilité de Murat.
Murat sera battu par les Autrichiens, fuira Naples, et verra ses offres de service rejetées par l’Empereur. De retour à Naples pour tenter un ultime soulèvement, il sera fait prisonnier et sera exécuté le 13 octobre 1815.
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