Marie-Thérèse de France (1778-1851), Duchesse d'Angoulême

[Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun (1755-1842), peintre]

Lettre autographe signée, Mittau, le 15 avril 1800, adressée à Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun

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Belle et émouvante lettre de Madame Royale à Mme Vigée-Lebrun, qui vient de lui offrir le dernier portait de sa mère la Reine Marie-Antoinette :

« Le Comte de Cossé m’a remis, Madame, le portrait de ma mère que vous l’aviez chargé de me porter. Vous me procurez la double satisfaction de voir dans un de vos plus beaux ouvrages une image bien chère à mon cœur. Jugez donc du gré que je vous scai d’avoir employée vos rares talents à me donner cette preuve de vos sentimens et soyez persuadée que j’y suis plus sensible que je ne puis vous l’exprimer. Comptez également, Madame, sur mes sentimens pour vous.

MARIE-THÉRÈSE »

En 1800, les deux correspondantes sont exilées : la fille de Marie-Antoinette a rejoint son oncle le Comte de Provence, futur Louis XVIII, à Mittau (aujourd’hui en Lettonie), tandis que la portraitiste a élu domicile en Russie. Malgré les soubresauts politiques et l’éloignement géographique, le lien n’est pas rompu entre les Bourbons et l’artiste, sincèrement attachée à la mémoire de la Reine. Marie-Thérèse, qui a bien connu, enfant, la portraitiste, l’invite à lui rendre visite à Mittau. La suite, c’est Elisabeth Vigée-Lebrun qui nous la raconte dans ses Mémoires :

« J‘eus le bonheur, pendant mon séjour en Russie, de retracer encore des traits augustes et chéris ; voici à quelle occasion. Le comte de Cossé arriva à Pétersbourg, venant de Mitau où il avait laissé la famille royale. Il me fit une visite pour m’engager à me rendre auprès des princes, qui me verraient, me dit-il, avec plaisir. J’éprouvai dans le moment un bien vif chagrin ; car, ma fille étant malade, je ne pouvais la quitter, et de plus j’avais à remplir des engagements pris, non seulement avec des personnages marquants, mais avec la famille impériale, pour plusieurs portraits, ce qui ne me permettait pas de quitter avant quelque temps Pétersbourg. J’en exprimai toute ma peine à M. de Cossé, et comme il ne repartait pas tout de suite, je fis aussitôt de souvenir le portrait de la reine, que je le priai de remettre à madame la duchesse d’Angoulême, en attendant que je pusse aller moi-même recevoir les ordres de Son Altesse Royale.

Cet envoi me procura la jouissance de recevoir de Madame la lettre que je joins ici, et que je conserve comme un témoignage qui m’est bien cher, de sa satisfaction. »

La lettre en question est celle que nous proposons, qui est également reproduite en fac simile dans la première édition des Mémoires de Mme Vigée-Lebrun. Quant au portrait mentionné, il est parfaitement connu et a été vendu chez Christie’s en avril 2016. Nous en proposons un aperçu ci-contre.

Très beau témoignage du lien indéfectible entre la plus célèbre portraitiste du XVIIIè siècle et la famille de Marie-Antoinette.

VENDU