[Marie-Antoinette d'Autriche (1755-1793), Reine de France]

Marie-Caroline de Habsbourg (1752-1814), Reine de Naples, sœur de Marie-Antoinette

Lettre autographe signée, sans lieu [probablement Naples], le 3 avril 1792, adressée à « ma chère Comtesse »

Rare lettre de Marie-Caroline de Habsbourg, Reine de Naples, déplorant le triste sort de sa sœur Marie-Antoinette, prisonnière aux Tuileries, ainsi que la disparition brutale de leur frère Leopold II, Empereur du Saint-Empire, allié de poids contre les révolutionnaires français.

« J’ai été bien touché de ce que vous vous êtes ressouvenue de moi dans un momens aussi afreux et cruel, come celui que jai éprouvé par la perte d’un frère et amy [Leopold II], auxquels tous les liens de la reconnaissance et tendresse me lioient pour la vie. J’avoue que ce coup m’a été extremement douloureux, et que je ne m’en consolerois jamais. Le sort de la reine de france est bien à plaindre. Je ne sais si elle a jamais aprécié et connu quel frere elle avoit. Si elle la connue, je la plains bien sincerement, car cela doit augmenter ses douleurs. Je désire bien la savoir dans une autre position. Adieu ma chère Comtesse, croyez moi avec bien de linterêt à tout ce qui vous regarde votre

sincère amie

Charlotte

Le 3 avril 1792 »

Soeur aînée de Marie-Antoinette, Marie-Caroline, de son vrai nom Marie-Charlotte (d’où la signature), devient Reine de Naples en 1768 à la faveur d’un mariage diplomatique avec Ferdinand IV. D’un caractère plus énergique que son faible époux, elle prend les rênes du pouvoir. Voyant la révolte gronder en France, elle soutient sa sœur la Reine de France, qu’elle chérit et protège depuis l’enfance. En juin 1791, elle apprend l’arrestation de la famille royale française, qu’elle déplore en ces mots : «  je sais la fatale arrestation l’exécrable entrée a Paris de ma chère et si malheureuse sœur. Je ne puis me remettre. Une blessure et j’ose dire la mort même étoit préférable à cet avilissant et douloureux retour. » (lettre à Mme de Polignac).

Dès lors, Marie-Caroline ouvre les portes de son Royaume aux nombreux émigrés qui se pressent hors de France. Elle accueille avec joie l’avènement de son frère bien aimé, Leopold, au trône du Saint-Empire, après la mort de leur frère Joseph II. Elle compte sur lui pour délivrer sa sœur du joug des révolutionnaires français. Hélas, la disparition inattendue de Leopold la plonge dans l’inquiétude, qui grandit de mois en mois tandis que lui arrivent les mauvaises nouvelles de France. L’annonce de l’exécution de sa sœur chérie Marie-Antoinette l’emplit de tristesse et de rage : à partir de cette date, elle se méfiera toujours des Français, qu’elle combattra toute sa vie jusque dans l’époque napoléonienne.

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