Lettre autographe signée, sans lieu ni date, adressée à la comédienne Jenny Carmouche

1 page in-4, feuillet d’adresse découpé, reste de cachet de cire

Belle lettre de Maria Malibran, épuisée par la scène, contrainte de renoncer à se produire :

« Madame,

Lorsque ce matin je me suis laissée entraîner par le désir de vous obliger en vous promettant de chanter à votre bénéfice, j’ai pris un engagement qui, non seulement peut désobliger d’autres artistes, mais encore est vraiment au-dessus de mes forces. Obligée comme je le suis de chanter à tous les bénéfices de mes camarades, sans exception ; forcée de renoncer au mien, excédée de fatigue par suite du service pénible du Théâtre qui ne peut jamais se passer de moi, ayant refusé à Mme Lemonier de Feydeau (1), Mr Perrier du Français (2), Mr Baptiste (3), et tant d’autres que je me dispenserai de vous nommer, vous comprendrez, Madame, que malgré tout le regret que j’en éprouve, je suis obligée [de] vous retirer ma promesse que je vous ai faite étourdiment sans songer à la peine que je ferais à tant d’autres camarades, si je faisais cette exception en votre faveur.

Plaignez-moi, Madame, de ne pouvoir être utile à une personne dont j’ai si souvent admiré le talent, car j’en éprouve le plus vif regret, et croyez à tous les sentiments distingués de

MALIBRAN »

1. Mlle Regnault-Lemonnier, actrice du Théâtre Comique, rue Feydeau

2. Antoine Perrier, nommé sociétaire à la Comédie Française, alors nommé le Français, en 1828

3. L’un des membres de la dynastie Anselme dite Baptiste, tous acteurs

ON JOINT : la réponse autographe signée de Jenny Carmouche qui fait part à Mme Malibran de son désespoir à l’annonce de son forfait : « Le jour où vous me fîtes la promesse devant mes amis, Ciceri et Gueridon, de chanter à mon bénéfice, des variations j’en vins annoncer la nouvelle à mon directeur qui fit de suite ces affiches, et les annonces dans les journaux. Vous serez trop bonne pour me causer un chagrin si grand. En refusant les artistes que vous me désignez dans votre lettre, vous n’avez fait que les contrarier, mais en me refusant aujourd’hui, ce que vous m’avez positivement promis il y a 4 jours, vous me faites un tort réel... »

Beau témoignage de la carrière éclatante et fulgurante de la plus grande chanteuse de la période romantique.

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