Louis XV/Marie-Thérèse d'Autriche
Manuscrit, Versailles, 1er mai 1756
4 pages in-folio
Très intéressante copie d’époque du Traité de Versailles conclu entre Louis XV et Marie-Thérèse d’Autriche, qui reconfigure les alliances européennes à l’aube de la Guerre de Sept Ans.
Depuis les règnes de François Ier et Charles Quint, l’hostilité perdure entre la France et l’Autriche. Les XVIIe et XVIIIe siècles en particulier sont le théâtre de l’inimitié entre les deux puissances européennes, qui se cristallise lors d’affrontements majeurs comme la Guerre de Succession d’Autriche (1740-1748).
C’est en 1740 que Marie-Thérèse, surnommée « la Grande », fille de Charles VI de Habsbourg et mère de la future Reine de France Marie-Antoinette, accède au pouvoir avec le titre d’archiduchesse d’Autriche, de Reine de Hongrie et de Bohème. Toutefois, c’est une période tourmentée qui débute pour la jeune Impératrice : Frédéric II, Roi de Prusse, a pour dessein de s’emparer de la Silésie, la plus riche possession de Marie-Thérèse. Pour ce faire, il s’allie avec la France, qui une fois encore, se dresse contre la maison des Habsbourg.
Cependant, en 1756 a lieu un renversement des alliances capital : la France se lie à l’Autriche, son ennemie de toujours, contre la Prusse et l’Angleterre, qui perdent ainsi le soutien précieux de Louis XV. Ce bouleversement géopolitique est sanctionné par un traité de paix, communément appelé premier Traité de Versailles, dont nous proposons ici une copie d’époque.
Les parties prenantes, Louis XV ici désigné par l’anagramme « S.M.T.C » (Sa Majesté Très Chrétienne) ainsi que Marie-Thérèse d’Autriche « S.M l’impératrice reine de Hongrie », se promettent une protection mutuelle, les souverains étant respectivement représentés par leurs ministres plénipotentiaires « Antoine Louis Rouillé chevalier comte de Jouy et de Fontaine-Guérin (…) et seigneur George Comte du Saint empire romain de Stharemberg », dont les signatures sont apposées à la fin du traité original.
Le manuscrit présente une liste de neuf articles établissant les conditions de l’alliance :
- Article premier : « Il y aura une amitié et une union sincère et constante entre S.M.T.C et Sa M. l’Imp. R. de Hongrie et de Bohème et leurs héritiers et successeurs, Royaume, états, provinces, pays, sujets et vassaux sans aucune exception (…)».
- Article deuxième : « Le traité de Westphalie de 1648 et tous les traités de paix et d’amitié » passés entre les deux parties « sont renouvellés et confirmés par le présent traité ».
- Article troisième : «S.M l’imp. Reine promet et s’engage de garantir et deffendre tous les états, provinces et domaines actuellement possédés par S.M.T.C (…) ».
- Article quatrième : S.M.T.C s’engage envers S.M l’Imp. Reine et ses successeurs et héritiers (…) « à garantir et deffendre contre les attaques de quelque puissance que ce soit et pour toujours tous les royaumes états provinces et domaines qu’ils possèdent actuellement en europe sans aucune exception ».
- Article cinquième : « Les deux parties contractantes travailleront toujours de concert aux mesures qui leur paroitront les les plus propres au maintien de la paix (…) ».
- Article sixième : Les contractants « s’obligent dès a présent a se secourir mutuellement avec un corps de 24 milles hommes au cas que l’une ou l’autre d’entr’elles vint a être attaquée ».
- Article septième : « Ce secours sera composé de 18 mille hommes d’infanterie et de six mille de cavalerie et il se mettra en marche six semaines ou deux mois au plus après la réquisition » de la partie contractante attaquée. Sont fixées d’autres clauses concernant la prise en charge de ce contingent par la partie requérante.
- Article huitième : « S.M.T.C et S.M l’imp. R. se réservent d’inviter de concert d’autres puissances a prendre part a ce présent traité (…) ».
- Article neuvième : « Le présent traité sera ratifié par S.M.T.C et par S.M l’imp. R de Hongrie et de Bohème et les ratifications en seront échangées dans l’espace de six semaines a compter du jour de la signature (…) ».
Ce traité est un des plus importants de l’époque moderne car il redistribue les cartes de l’échiquier international au moment où débute l’un des conflits majeurs de la période : la guerre de Sept ans (1756-1763).
Belle copie d’époque, peut-être destinée à quelque chancellerie.
650 EUR