Louis XVI (1754-1793), Roi de France
Lettre partiellement imprimée, signée Louis (secrétaire) et contresignée par Pierre Charles Laurent de Villedeuil, Secrétaire d’Etat de la Maison du Roi, Versailles, 19 mars 1789, adressée à M. de Kergariou
1 page in-folio, cachet aux armes royales
Très intéressante et rare convocation officielle aux États Généraux de 1789, détaillant les grandes étapes de cette organisation et dévoilant l’état d’esprit du Roi à la veille de cet événement majeur :
« Mons. de Kergariou, j‘ai besoin du concours de mes fidèles sujets pour m’aider surmonter les difficultés où je me trouve relativement à l’état de mes finances et pour établir, suivant mes vœux, un ordre constant et invariable dans toutes les parties du gouvernement qui intéressent le bonheur de mes sujets et la prospérité de mon Royaume. Ces grands motifs m’ont déterminé à convoquer l’assemblée des Etats de toutes les provinces de mon obéissance au lundi vingt-sept avril prochain en ma ville de Versailles tant pour me conseiller et assister dans toutes les choses qui seront mises sous ses yeux que pour me faire connaître les souhaits et les doléances de mes Peuples. Et je vous fais cette lettre pour vous en avertir et vous dire que vous ne manquiez pas de vous trouver en ma ville de Saint-Brieux au seize du mois d’avril prochain pour conférer avec les autres membres de votre ordre et pour communiquer ensemble tant des remontrances que des moyens et avis qu’il aura à proposer en l’assemblée générale desdits états et, ce fait, élire, choisir et nominer des députés de votre dit ordre aux États Généraux conformément à mon règlement du seize du présent mois, sur l’exécution duquel je vous ferai connaître mes intentions ultérieures. Et la présente n’étanr à autre fin, je prie Dieu qu’il vous ait, Mons. De Kergariou, en sa sainte garde. Ecrit à Versailles, le dix-neuf mars mil sept cent quatre-vingt-neuf.
LOUIS
LAURENT DE VILLEDEUIL«
Pour tenter de trouver une solution au marasme économique dans lequel est plongé le pays, Louis XVI convoque les États Généraux, décision inédite depuis 1614. Le règlement de cette lourde organisation est mis sur pied entre la fin de l’année 1788 et le premier trimestre 1789, avec les deux principes suivants : l’assemblée comptera au moins mille personnes, le nombre de députés du Tiers sera égal au nombre de députés des deux autres ordres réunis (le Tiers sera finalement un peu plus nombreux). La convocation a lieu le 27 avril, comme stipulé dans la lettre que nous présentons, mais l’ouverture officielle est fixée au 5 mai.
Rapidement, le problème se présente de savoir si le vote doit avoir lieu, comme le veut la tradition, par ordre, ce qui inévitablement mènera à la ligue du Clergé et de la Noblesse face au Tiers. S’ensuivra la scission du Tiers, qui se constitue en Assemblée Nationale. C’est le début de la Révolution.
Le document que nous présentons est particulièrement intéressant car il est adressé à un membre de la noblesse bretonne, qui fait beaucoup parler d’elle en ce début d’année 1789 : la Bretagne possède en effet sa propre Constitution et ses propres assemblées. A la réception de la lettre que nous proposons, les nobles bretons se réunissent à Saint-Brieuc et décident de contester le mode de scrutin imposé par le Roi. Ils menacent de ne pas reconnaître tout député élu en dehors des Etats de Bretagne, censés être les véritables organes représentatifs de la Bretagne. La noblesse bretonne refuse donc de prendre part aux Etats Généraux. C’est ainsi que la Bretagne n’est représentée en 1789 à Versailles que par des députés du Tiers et du Clergé.
Quant à Villedeuil, qui contresigne la présente lettre, il est farouchement opposé à la convocation des Etats Généraux et finit par démissionner en juillet 1789 avant de s’exiler à Londres…D’où il revient en 1792 pour préparer une possible fuite du Roi, projet qui n’aboutira pas.
Beau document historique.
VENDU