Line Vautrin (1913-1997), décoratrice de mode

Ensemble de deux lettres autographes signées :

-Lettre autographe signée, 1er mars 1959, adressée à Yolande Fièvre (enveloppe jointe)

« Ma chère amie,

Je vous confirme ce que je vous ai dit au téléphone et m’excusant encore de ne vous avoir pas envoyé cette lettre plus tôt.

La situation au Maroc se dégrade de semaines en semaines. C’est très grave, et l’on ne sait ce qu’il en adviendra.

Trois solutions sont possibles :

1° Ou l’anarchie augmentera conjointement avec l’appauvrissement général

2° Ou le communisme arrivera au Maroc

3° La ville peut être internationalisée, en ce cas la richesse reviendrait.

Voilà donc où j’en suis et je ne peux pas pour le moment risquer de ne pas vous payer.

Etant très fatiguée par une année très dure 58 je ne veux plus prendre seule des risques. Je vends seulement au goût de ma clientèle au lieu de suggérer mon goût et le vôtre.

Peut-être qu’à l’automne les choses auront changé, vous le saurez d’ailleurs par les journaux.

Surtout ne traduisez pas cela par une invitation à faire quelque chose à l’avance.

Je précise donc que je ne sais rien et ne peux faire aucun projet.

Mme Hila Kugel m’a fait renvoyer 2 oniroscopes (1) par un ami chez qui j’en avais laissé 3 !!! Il y en a donc 1 petit non renvoyé. Ce n’est sûrement pas de la mauvaise volonté mais de ma part je ne veix pas réclamer, tant pis pour moi. Je préfère cette petite perte que d’être pesante à des amis qui m’ont rendu service d’autre part. Encore toutes mes excuses pour ne pas avoir écrit cette lettre assez tôt. Croyez à mon bon souvenir.

LINE VAUTRIN »

(1) L’oniroscope, dont le nom renvoie à la vision des rêves, est une invention de Yolande Fièvre, la destinataire de ce courrier. Il s’agit d’une œuvre d’art de technique mixte, dont son ami Jean Paulhan donne la définition suivante en 1957 : « avec un peu de sable, deux ou trois fils, une étoile de papier peint, un carton fort et du papier collant, Yolande Fievre fabrique de curieux jouets qui font songer à des pics, des rivages polaires, des étendues noires et blanches que survole une montgolfière. C’est un jeu auquel on passe volontiers des heures, et je le recommande sincèrement à tous ceux qui n’ont sous la main ni vagues ni nuages. »

Lettre autographe signée, sans lieu, 12 novembre 1960, adressée à Yolande Fièvre (enveloppe jointe)

« Chère Madame,

Juste quelques mots pour vous féliciter de vos nouvelles créations vues chez Iris Clert. C’est de plus en plus beau ! J’espère qu’un peu plus tard j’aurai les moyens de vous acheter encore quelque chose. Pour le moment, je vends de plus en plus de miroirs et mon affaire étant grandissante, je n’ai aucune disponibilité….A tout à hasard, cette petite carte : pour la première fois de me vie, j’ai accepté de tenir un stand où je serai en fin d’après-midi.

Bons souvenirs, je n’oublie pas le petit singe.

LINE VAUTRIN »

On joint le carton d’invitation à l’Association Nationale des Ecrivains de la Mer et de l’Outre-Mer pour le 23 novembre 1960.

Rare ensemble.

750 EUR