Johannes Brahms (1833-1897), compositeur

Lettre autographe signée « J. Br. » à son éditeur Fritz Simrock à Berlin

1 page oblong in-8, en allemand, adresse autographe au verso

Le compositeur travaille sans relâche à ses Symphonies et se défend de toute paresse :

«Jedenfalls bitte ich, mich einstweilen zu entschuldigen. Die Sache an sich hat ja keine Eile. Und habe ich mich früher mit Versprechungen andern gegenüber übereilt – so will ich es heute nicht Ihnen gegenüber! Ausserdem leider sitze ich beim vierhändigen Arrangement der Symphonie – Sie sehen auch darin meinen guten Willen ! Bestens. Ihr J. Br. »

En voici une possible traduction :

« Veuillez m’excuser pour le moment. Votre demande n’est pas urgente et je me suis déjà engagé vis-à-vis d’autrre personnes à des besognes plus urgentes, donc je ne puis m’engager à nouveau avec vous ! Par ailleurs, je suis malheureusement en train de travailler à l’arrangement de la Symphonie pour quatre mains, vous voyez que je fais preuve de bonne volonté ! Bien à vous. J. Br. »

Après les 9 symphonies de Beethoven et celles de Schubert (dont la superbe Inachevée), la période romantique, plus propice à l’introspection et au piano, délaisse quelque peu le genre symphonique. Les compositeurs s’y essaient toutefois avec plus ou moins de bonheur, dont Schumann et Brahms qui écrivent chacun quatre Symphonies. Celles de Brahms, en particulier, connaissent un succès jamais démenti, quoique tardif, puisque Brahms a 44 ans lorsqu’il publie sa Première Symphonie, après vingt ans de travail, de remaniements et d’hésitations. Les trois autres symphonies suivent en 1877, 1883 et 1885. C’est cette Quatrième Symphonie qu’évoque notre lettre. Donnée pour la première fois en octobre 1885, elle suscite l’enthousiasme. Afin de diffuser ses œuvres plus facilement dans les cercles d’amateurs, Brahms effectue, comme c’en était l’usage à l’époque, la transcription de ses symphonies pour piano. Une première version pour deux pianos est publiée en juin 1886. Le projet d’une version à quatre mains est alors déjà lancé et quelques jours après notre lettre, le samedi 30 octobre, Brahms annonce à son éditeur : « j’ai l’intention de vous envoyer lundi la symphonie à quatre mains et vous prie de me faire parvenir en temps utile une épreuve […] pour que je puisse l’essayer à nouveau au piano. ». L’arrangement sera finalement publié en janvier 1887.

2800 EUR