Ecole du XVIè siècle

Document manuscrit, sans lieu ni date (circa 1550/1600)

1 page in-4, bords légèrement rognés

Rarissime punition d’élève, autrefois appelée « pensum », datant de la Renaissance.

L’élève, qui a signé en bas du document, a visiblement été astreint par son professeur, suite à une remarque déplacée à l’un de ses camarades, à recopier sur une page entière la maxime suivante : « Du mal d’autry joye avoir ne convient car bien souvent autant il nous en vient ». Il est d’ailleurs amusant de constater qu’à partir du milieu de la page, par étourderie ou par facétie, l’élève a enlevé la négation. La maxime se muant alors en une incitation à la moquerie.

La graphie nous permet de situer ce document autour de 1550/1600, c’est-à-dire vers la fin de la Renaissance. A cette époque, l’imprimerie permet d’éditer de nombreux livres et de diffuser le savoir bien plus vite qu’au Moyen-Âge. En outre, on s’intéresse de plus en plus à l’éducation et à l’instruction des enfants, afin de compléter le système éducatif, alors centré sur les universités prestigieuses et réservées aux élites. Les grand penseurs s’emparent de la question, notamment Erasme avec son « Traité de civilité puerile », Luther mais aussi Montaigne et Rabelais. L’essor du Protestantisme y contribue car la connaissance des textes biblique est conçue comme nécessaire à la compréhension de la religion : chaque Protestant doit pouvoir lire les écritures sacrées.

On créé alors des collèges dans les grandes villes pour accueillir les enfants de la bourgeoisie (les pauvres restant aux champs pour aider leur famille et les nobles ayant des précepteurs). Les élèves y sont classés par niveau et passent des examens. On assiste là à la naissance de l’ancêtre de l’école moderne. On essaie de se libérer du rabâchage des dogmes pour tenter de faire penser les enfants, en songeant même à éduquer les jeunes filles, même s’il faudra longtemps afin d’atteindre le projet alors utopique d’une école mixte.

Et gare à celui qui ne respecte pas la règle : il peut être puni de coups de fouet, de verge ou de férule. Ou encore, de manière plus aimable, par le pensum, dont nous proposons ici un très rare témoignage.

A offrir aux mauvais élèves pour en faire de brillants bibliophiles !

750 EUR