[Camille Desmoulins (1760-1794), journaliste et Homme politique]
Lettre autographe signée de François Jourgniac de Saint-Meard, Paris, le 23 novembre 1792, adressée à Camille Desmoulins
1 page in-4, adresse autographe « Au Citoyen Camille Dumoulin [sic], Député à la Convention Nationale, rue du Théâtre Français, à Paris » (1)
Belle lettre amicale et néanmoins craintive adressée en pleine Révolution au tout-puissant journaliste Desmoulins par son confrère Jourgniac de Saint-Meard. Il demande à Desmoulins de croire à son innocence quant à la publication d’un article malveillant qui lui est faussement attribué.
« Si tu fais bien, Camille, tu feras un errata dans le prochain n° de ton journal par lequel tu diras
N°………..page 5 ligne 6 effacer le mot insigne.
Tu feras encore mieux de me renvoyer le journal de Peltier (2), je ne te l’ai que prêté. Et encore bien mieux, si tu viens sans façon me demander à dîner avec le citoyen Merlin (3).
Il paraît un nouveau journal dans lequel on a imprimé un Testament qu’on prétend être de ma façon et dans lequel il y est mal parlé de toi. Je te jure que depuis ma sortie de l’Abbaye le 4 septembre je n’ai écrit que mon agonie de 38 heures et que je n’ai travaillé pour auqu’un journal, je te donne ma parolle, tu peux y croire. (4)
Porte-toi bien Camille, je suis tout à toi,
Jourgniac St Méard.
Paris, le 23 novembre 1792 »
(1) C’est à cette adresse qu’habite Desmoulins depuis 1782, et c’est là qu’il sera arrêté le 31 mars 1794
(2) Jean-Gabriel Peltier, proche de Desmoulins aux prémices de la Révolution. Ayant pris ses distances avec les excès de la Révolution, il fonde par la suite un journal à tendance royaliste, les Actes des Apôtres, qui vaudra à son éditeur la peine capitale. Cela tend à prouver que Camille Desmoulins surveillait ses confrères d’un œil avisé et pas nécessairement bienveillant.
(3) Probablement Antoine Merlin de Thionville, député, cofondateur avec Desmoulins du journal Les Révolutions de France et de Brabant
(4) Suite à la mise en place de la Commune Insurrectionnelle de Paris en août 1792, Jourgniac est accusé d’avoir participé à la rédaction du journal antirévolutionnaire de Peltier, les Actes des Apôtres. Enfermé à la prison de l’Abbaye, Jourgniac est témoin des massacres de Septembre mais en réchappe miraculeusement. Il en tire un récit qu’il publie sous forme de brochure sous le titre Mon agonie de trente-huit heures, ou Récit de ce qui m’est arrivé, de ce que j’ai vu et entendu pendant ma détention dans la prison de l’abbaye Saint-Germain depuis le 22 août jusqu’au 4 septembre. C’est de la rédaction de cet opus qu’il est ici question.
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