Fidel Castro (1926-2016), militaire, Chef d'Etat

Ensemble de 2 lettres autographes signées « F. » (ou brouillons?), sans lieu ni date [1988], en espagnol, adressées aux généraux Polo et Ochoa.

5 pages, 17 x 15 cm

Depuis 1975 et l’indépendance de l’Angola, la guerre civile fait rage : le parti marxiste au pouvoir, Mouvement Populaire de Libération de l’Angola, voit sa légitimité contestée par d’autres forces politiques soutenues par les Etats-Unis et l’Afrique du Sud. Dans une logique de guerre froide avec les Etats-Unis, Cuba, adoubée par Moscou, décide alors de déployer ses armées en Angola pour appuyer le pouvoir en place.

Dans ces documents, on voit Fidel Castro diriger les opérations militaires. Il s’adresse à ses principaux généraux sur place : Polo Cintra Fria [Leopoldo Cintra Frias, né en 1941, actuellement Ministre des Forces Armées Révolutionnaires cubaines] et Arnoldo Ochoa Sanchez [(1930-1989), fusillé pour corruption].

Le diplomate et espion Maurice Halperin affirme dans son livre « Return to Havana » que ces messages envoyés par Castro sur le front angolais étaient secrets. Au vu du contenu de ces missives, on peut légitimement penser que ce fut en effet le cas.

Nous en proposons la traduction suivante :

1ère lettre :

« Ochoa et Polo :

Le régiment de Pechora [situé à Matala, dans la province de Huila] doit se diriger vers Lubango. Nous déciderons plus tard de leur position. Continuez à insister auprès des Angolais pour la réddition des groupes sollicités.

Salutations.

F. »

2ème lettre :

« Ochoa et Polo :

Nous devons rester dans les prochaines heures et prochains jours en état d’alerte maximal en attendant une éventuelle réaction de l’ennemi. Nous devons prêter une attention particulière à Namibe [province angolaise]. Il convient d’ailleurs de réfléchir à l’endroit où débarqueront les prochains navires utilisant des défenses anti-aériennes. Peut-être serait-il utile de penser au point idéal en fonction de ce qu’il se passera dans les prochains jours. Vous devez être prêts à frapper fort les bases ennemies au nord de Namibe.

Suit un passage barré :

Pour cela aussi nous devons décider du plus pratique : faudra-t-il frapper simultanément plusieurs cibles ou seulement la principale mais avec force, en causant le maximum de dégâts en forces vitales par la destruction et le massacre. Peut-être que cette dernière solution sera la plus pratique pour que nos pilotes puissent avancer. Je voudrais connaître votre opinion à ce sujet. Cependant, vous ne devez pas exclure la possibilité de frapper en deux ou trois points simultanément si vous pouvez assurer votre sécurité.

Castro reprend :

C’est-à-dire qu’il faut se préparer en cas de frappe aérienne massive de la part de l’ennemi. Dans ce cas, nous devons évoquer la possibilité que nous engagions davantage de forces vives pour détruire l’ennemi.

[…]

Le complexe hydroélectrique de R. sera à viser en premier, ou plus tard, en fonction des diverses situations qui peuvent se présenter. Bien que, selon toute logique, dans le cas d’une grave attaque ennemie, nous devrons frapper en priorité les cibles militaires.

Nous avons déjà donné une première réponse. Pour l’instant, c’est à eux de décider s’ils veulent la prendre en compte ou s’ils veulent continuer l’escalade.

  […]

Salutations,

F.»

VENDU