George Bizet (1838-1875), compositeur
Lettre autographe signée, sans lieu ni date [circa 1863]
1 page in-8, légère fente à la pliure sans atteinte au texte
Belle lettre d’admiration du jeune Bizet, adressée à une compositrice, peut-être Pauline Viardot, accompagnant l’envoi de la partition de son opéra Les Pêcheurs de perles.
« Madame,
J’ai reçu votre charmante partition et vos deux excellents morceaux. Je les ai lus avec le plus vif intérêt, et j’espère vous aller dire prochainement tout le bien que j’en pense. Je veux vous rappeler aussi la bonne promesse que vous me faites…Je veux parler de votre opéra de Bade….Voici mes Pêcheurs de perles. Je voudrais avoir quelque chose de meilleur à vous offrir, mais vous serez indulgente, j’en suis sûr, comme le sont tous les artistes d’un vrai talent.
Encore une fois, merci, Madame, et croyez-moi, je vous prie, votre sincère admirateur et votre mille fois bien dévoué.
GEORGES BIZET »
Jeune lauréat du prestigieux Prix de Rome, Bizet effectue pendant trois ans son séjour à la Villa Medicis de Rome, comme le veut la tradition. Mais son retour à Paris en 1860 n’est pas de tout repos : il n’arrive pas à faire jouer ses œuvres car la mode est aux compositeurs étrangers, qui règnent depuis des décennies sur la capitale, à l’instar de Meyerbeer et Rossini. Le Directeur du Théâtre Lyrique, tenu par le gouvernement à l’application d’un quota d’oeuvres françaises, fait la rencontre de Bizet et lui confie en 1863 le livret des Pêcheurs de perles. Bizet a 6 mois pour écrire l’opéra. Il recycle certains passages d’oeuvres précédentes et présente ses Pêcheurs de perle en septembre 1863. Le livret est jugé faiblard, et la musique ne convainc guère, sauf Berlioz, critique éclairé, qui y voit « un nombre considérable de beaux morceaux expressifs pleins de feux et d’un riche coloris ».
Le nom de la destinataire de cette lettre reste un mystère. Quelques éléments cependant : il semble que Bizet ait reçu à cette époque la promesse que ses œuvres seraient représentées au festival de Baden-Baden, qu’il avait inauguré avec Berlioz en 1862. Or, précisément à cette époque, la célèbre cantatrice et compositrice Pauline Viardot vient de s’installer à Bade pour fuir le régime de Napoleon III. Forte de sa réputation, il est possible qu’elle soit intervenue auprès du festival pour faire représenter les œuvres du jeune Bizet. Le destin devrait lier quelques années plus tard encore Bizet et Pauline Viardot, les deux musiciens ayant élu domicile à Bougival.
Belle et rare lettre de jeunesse.
1350 EUR