Armand de Gontaut-Biron (1524-1592), Maréchal de France
Lettre autographe signée, Biron, le 28 mars [année inconnue], adressée au « Roy de Navarre » (futur Henri IV)
1 page in-folio, rousseurs et taches éparses, adresse autographe, feuillet d’adresse endommagé
Rare missive du premier maréchal de Biron, grand militaire et fin diplomate des guerres de religion, qui écrit à Henri de Navarre, futur Henri IV, pour s’excuser de ne pas pouvoir le rejoindre car il attend des ordres préalables de Henri III (nous modernisons l’orthographe pour faciliter la compréhension) :
« Sire,
J’ai entendu ce qu’il vous a plu me commander par votre lettre et par le Sr de La Monnerie de ce que … change. J’estime à très grand honneur de recevoir de vos commandements auxquels j’obéirai de très humble serviteur et de ma vie mais je vous supplie très humblement, Sire, me vouloir excuser et pardonner si je ne vais présentement vers vous, attendu que le Roi m’a mandé par un des miens qu’il avait dépêché le Sr de St Chamarand pour me faire entendre entièrement sa volonté et commandements. J’ai reçu au soir la lettre que ledit Sr de St Chamarand y soit parti du bordons pour me venir trouver donc je vous supplie me permettre que je l’attendre pour être résolu de l’intention et commandements de Sa Majesté et en être éclairci et pour mieux répondre à ce qu’il vous plaira me demander et commander.
Sire, je supplie le Créateur qui vous donne très bonne santé et très longue vie.
Du Biron, ce XXVIIIe de mars.
Votre très humble et très obéissant serviteur.
BIRON »
Adresse autographe : « Au Roy de Na[va]rre »
Grand militaire et fin négociateur émissaire du Roi de France auprès des protestants, Biron cherche toujours à adoucir les conditions de leur soumission, si bien qu’on lui soupçonne des sympathies pour eux. C’est lui qui négocie en 1572 le mariage de Henri de Navarre avec la future Reine Margot, fille de Catherine de Medicis, l’union ayant pour but de garder le contrôle sur les visées protestantes. Cette union permet à Catherine de Medicis d’avoir un argument supplémentaire dans les négociations ultérieures avec les Protestants, notamment à Bergerac (1577). Mais les hostilités reprennent, que Biron mène tambour battant, visant notamment Nérac, où se trouve la Reine Margot. Elle ne le lui pardonnera pas et intriguera contre lui. Victime de blessures, il se retire à Biron dans les années 1580 tout en poursuivant, sur ordre d’Henri III, les attaques cotre les Protestants. Après l’assassinat d’Henri III, Biron participe activement aux négociations pour la succession, mais il s’oppose à ce que Henri de Navarre accède au trône. Il servira le nouveau Roi à reculons, mais ce dernier le regrettera sincèrement lorsqu’il perdra la vie au siège d’Eperney. Henri IV le pleurera par ces mots : « Ce m’a esté une des pires afflictions dont je pouvois estre visité, ayant perdu en luy non seulement le plus ancien et expérimenté cappitaine de mon royaulme, mais celuy en la fidélité et prudence duquel je remettois mes prineipales affaires, ayant, oultre l’intelligence grande qu’il avoit d’iceulx, recognu en luv une particulière affection qu’il me porloit, qui m’en augmente le regret autant que nulle autre considération ».
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