Bataille d'Austerlitz (1805)

Jean-Baptiste Prudhomme (1761,…), général

Lettre autographe signée, Brünn [actuellement Brno en République tchèque, à 15 km d’Austerlitz], le 11 décembre 1805, adressée à « mon cher Uhrich » [probablement Michel-François Uhrich, Capitaine du génie]

3 pages in-8, bords légèrement effrangés

Intéressante et rare lettre rédigée quelques jours après la bataille d’Austerlitz par le général Prudhomme, qui évoque les conséquences de cet épisode, la débandade des armées vaincues et l’avancée des tractations diplomatiques :

Après avoir évoqué quelques sujets d’ordre financier, Prudhomme annonce la victoire d’Austerlitz :

« Le bulletin vous aura appris la bataille d’Austerlitz et son heureux résultat. Les Russes sont en pleine marche pour leur pays. Nous regardons ici la paix comme certaine. Les conférences sont ouvertes depuis hier dans la petite ville de Nicolspurg [Nikolsburg, aujourd’hui Mikulov dans la République tchèque]. L’Empereur d’Allemagne est à Hollich [aujourd’hui Holíč en Slovaquie], autre petite ville fort peu éloignée de la première et notre Empereur étant lui-même fort près du lieu des négociations, il y a lieu de croire qu’elles iront grand train. Au reste, tout ce pays-ci a été tellement dévoré par les armées qu’il n’est guère possible d’y rester longtemps. Ainsi d’une manière ou d’une autre nous devons en partir incessamment sous peine de mourir de faim.

J’ai été assez malheureux pour n’arriver ici que le lendemain de la bataille. J’ai été retardé dans ma marche parce que d’abord destiné pour corps d’armée du général Marmont qui se trouvait à Gratz, j’avais pris cette direction. On m’a rappelé ensuite au quartier général pour y remplir les fonctions de sous-chef de l’Etat-Major du génie et cela m’a fait perdre 5 à 6 jours en contremarches fatigantes et inutiles.

J’ai entrevu ici M. Metzinger (1) qui se porte fort bien et qui m’a dit que ses autres camarades de Phalsbourg étaient également bien portants. Je cherche partout les fils de M. Boyé (2) et je n’ai pas encore pu trouver leurs corps, ni ceux des jeunes Bordières et Steinbrunner que j’aurais vus avec grand plaisir.

J’apprends que l’Empereur part à l’instant pour Vienne et je reçois ordre de me tenir prêt. Le quartier-g[énér]al va prendre sans doute la même direction ; je m’en réjouis parce que cela annonce que les négociations vont bien. L’armée a d’ailleurs grand besoin de prendre ses quartiers d’hiver. On ne doit pas douter qu’elle ne soit fatiguée il commence d’ailleurs à faire très grand froid.

Recevez pour vous et les vôtres, mon cher Uhrich, l’assurance de mon inviolable attachement.

PRUDHOMME

Je n’ai encore aucune nouvelle de Pierre et cela commence à m’inquiéter. »

  1. Il s’agit probablement de Jacob Metzinger, né en 1768, dont l’ouvrage « Fastes de la Légion d’Honneur » nous apprend qu’il « fit les campagnes de l’an XIV, de 1806 et 1807 en Autriche, en Prusse et en Pologne avec la Grande Armée, et se fit remarquer par un courage à toute épreuve dans les différentes affaires auxquelles il se trouva ». Il décédera d’ailleurs à Phalsbourg, dont le nom est cité dans notre lettre.

  2. Peut-être Jean-Baptiste Boyer, adjudant commandant devenu par la suite Baron d’Empire, également originaire de Phalsbourg

A la suite de la victoire française d’Austerlitz, Napoleon et l’Empereur d’Autriche François II se rencontrent à quelques kilomètres de là pour convenir d’un accord de paix, qui sera conclu fin décembre 1805 à Presbourg. A la faveur de ce traité, l’Autriche cèdera à la France 4 millions de sujets et la Vénétie.

RARE TEMOIGNAGE. 

800 EUR